Musique arabo-andalouse

La musique arabo-andalouse

La musique arabo-andalouse est le fruit d'un métissage entre la musique arabe de l'orient, la musique afro-berbère et la musique pratiquée dans la pninsule Ibrique avant l'année 711, date laquelle les musulmans ont investi cette dernière.

Ils ont ainsi ouvert une ère fructueuse qui provoqua l'éclosion et le développement d'une civilisation spécifique qui a duré environ huit siècles.

Arabes, berbères, musulmans, juifs et chértiens étaient les bâtisseurs de cette civilisation aux multiples composantes : architecture, poésie, sciences, arts culinaire et vestimentaire., et bien sûr la musique et la danse.

La musique arabo-andalouse a continué à se développer au Maghreb, après le départ des musulmans et des juifs de l'Andalousie, vers le XVIème siècle. Elle a connu des adjonctions et des adaptations locales propres à chaque région.

Le concept de la nouba

Déjà présent dans la littérature abbasside (VIIlème siècle), le terme "Nuba" va prendre depuis cette époque plusieurs sens, selon les périodes et les lieux.

La Nuba à Bagdad

La nuba est synonyme de "tour", on dira : "c'est la nuba d'un tel" pour désigner son tour, son ordre de passage devant le roi, le prince.

Peu après, certains compositeurs devaient être connus et réputés par leurs propres style, et la nuba devint équivalente à "çawt" (c'est-à-dire Son, mélodie), on dira: "c'est la Nuba d'un tel" pour désigner le mode musical qu'il maîtrisait le mieux.

La Nuba de Baghdad se codifia et se structura en parties, et va s'articuler sur quatre phases d'allures progressivement rapides

• al-qawl (le dire), récitation modulée;

• al-ghazal (chant d'amour), rythme large;

• at-tarana, rythme modéré ;

• al-furudat, rythme rapide.

Au IXème siècle la Nuba de Baghdad a connu son extension à une cinquième partie, al-moustazad (le complément).

La Nouba en Espagne

En Espagne la Nuba de Ziryab était bâtie sur trois mouvements :

• an-nachid, récitatif ad libitum;

• al-baçit rythme large ;

• al-muharrakàt, rythme vif, dansant ;

Ibn Bâjja (1070 – 1138) a enrichi cette structure en créant deux nouveaux mouvements "al-'Istihlâl" (Préambule) et al-'Amal (Travail).

La Nouba au Maroc

La musique arabo-Andalouse de tradition marocaine est connue sous le nom Al Ala.

Les écrits anciens confondent généralement la musique andalouse avec la musique marocaine tout court, ce qui ne permet pas, de préciser les principales étapes et les transformations décisives dans le développement de la nuba, et d'isoler le style andalou pour établir ses fondements.

Actuellement, la nuba marocaine est un ensemble imposant de pièces vocales et instrumentales gravitant autour d'un mode principal. Elle a accumulé au fil des années tout un répertoire poétique (appelé çan’a) et adopté un style, une façon particulière de chanter et de jouer la musique.

Depuis Al Hayek, vers la fin du XIIXème siècle la musique andalouse marocaine est contenue dans onze Nubas : Raml Al Maya, Isbihan, Al Maya, Raçd Dil, Istihlal, a-Raçd, Gharibat Al Hossaïn, Hijaz Al Kabir, Hijaz l'Msharqi, 'Iraq Al 'Ajam et Al Oushaq.

Chaque Nuba comporte cinq mouvements appelés "Mizane" : Baçit, Qaïm Wa Niçf, Btayhi, Darj et Qoddam, à l'exception des Nubas Hijaz l'Mcharqi et a-Raçd amputées de leur deuxième mizane Qaïm wa Niçf et la nuba al 'Oushshâq ne possédant pas de Darj. Le terme Mizane désigne aussi le rythme sur lequel est basé le mouvement.

La nouba est fondée sur la notion de mode que l'on nomme "Tab'" (caractère), il assure son identité et sa cohérence. Elle est basée sur un mode principal mais un ou deux modes secondaires peuvent s'y greffer. Le mode principal de la nouba donne son nom à la nouba : on dira ainsi, San'a Iniraf Qoddam Gharibat Al Hossaïn, ce qui signifie pièce chantée dans le rythme rapide du Qoddam de la nuba Gharibat Al Hossan. La nuba marocaine compte 26 modes ("Tobou" pl. de Tab') diatoniques différents (sans quart de ton).

A l'origine chaque Nouba avait une période privilgiée de la journée ou de la nuit pour son exécution, ce moment est établi selon des croyances spirituelles et astrologiques qui attribuent à chaque Tab' un ressenti particulier chez l'auditeur à cette période en particulier.

Les textes poétiques des Nubas sont choisis de telle sorte que leur thème s'harmonise avec les tempéraments humains et spirituels que procure le Tab' de la Nouba d'une part, et les périodes préconisées pour le jeu ou le chant sur ce même Tab'.

Déroulement de la nouba Marocaine

La nuba débute par des préludes qui installent le mode et préparent l'auditeur. Cette partie comprend

• la "Mshâlya", ouverture instrumentale multi-modale non rythmée

• la "Boughia", ouverture instrumentale non rythmèe

• "al Inshâd", composition à rythme libre chantée avec accompagnement instrumental, sur la base de deux vers et selon le mode principale de la nuba.

• la "Tawshiya", ouverture instrumentale rythmée.

La Mshâliya est une série de fragments musicaux qui embrassent les principaux degrés du mode concerné. Elle est non rythmée, instrumentale et supporte l'interprétation libre et l'adjonction de fioritures. La Mshâliya révèle d'entrée de jeu le niveau et la consistance de l'orchestre qui a besoin d'une maîtrise collective de la ponctuation musicale.

Dans le même esprit que la mshâliya, "al-Inshâd" confirme le mode musical. Le soliste "Al Munshid" chante sans percussion, avec un accompagnement instrumental discret non rythmé, une distique "Baytayn" (deux verres) en arabe classique. Toutes les cadences et fins de phrases du Munshid sont soulignées par l'orchestre entier ou par un soliste. Le distique est plein de "Shughl" (ornementation), ici le poème n'est jamais énoncé directement. Y sont intercalés des mélismes et des "Taratîn" (mots sans sgnification particuliaire utilisée pour orner la phrase musicale).

La "Tawshia" est une pièce instrumentale (sauf pour la Tawshia de Noubat Gharibat Al Hussaïn qui est chantée) rythmée servant de prélude à la première phase du chant, et qui contraste avec cette dernière par sa vivacité.

Commence alors le premier mizane (mouvement) qui passe par quatre phases :

La première phase est caractérisée par son mouvement lent et imposant. Cette phase rebutante pour les profanes, renferme les joyaux du répertoire.

La deuxième phase de rythme relevé est une transition vers le rythme rapide ;

La troisième phase est meublée par un mawwal, chant libre comme le Inshad, sauf qu'ici le Munshid est libre de choisir les verres sur lesquels il improvise.

La quatrième phase est allègre de mouvement vif, c’est celle que le large public affectionne.

La transition vers le deuxième mouvement (Mizane) se fait à travers une improvisation vocale ou instrumentale confiée à l’un des musiciens de l’orchestre. Suivie par la "Tawshia" du mizane et les quatre phases rythmique comme le premier mizane. Les trois mouvements qui suivront se déroulent comme le second.

Ainsi la longue durée de la nuba (entre cimq et six heures) fait que les orchestres ne présentent au public que l'une de ses phases rythmiques. Ou quelques çan’a de chaque mizane.